voie du calme1« La Voie du Calme » Dr LIU DONG

 

 « Qi Gong, la Voie du calme » est le titre d’un ouvrage du Dr Liu Dong, de la faculté de médecine de Pékin, publié en 1998 chez Jacques Grancher Editeur, Paris.

Le sous-titre est : « Principes philosophiques et applications thérapeutiques ». C’est un livre pratique.

Il aborde en 200 pages lumineuses les deux axes fondateurs de l’art. Le manuel débute par une anecdote: « Lao Zi, un jour, était assis depuis fort longtemps sans bouger, au pied d’un arbre. Ses élèves, intrigués, lui demandèrent : « Maître, que faites-vous donc ? » Lao Zi répondit : « Je pratique le Qi Gong. ». « Qu’est-ce que le Qi Gong ? » demandèrent-ils alors, et le Maître dit : « C’est tout simplement être en accord avec la nature ».

Admirons au passage le « tout simplement » ! et demandons-nous ce que signifie cette réponse laconique.

Le Dr LIU explique:
« Dans le monde deux sortes de gens pratiquent le Qi Gong :

-les uns se rendent malades à la poursuite de la longévité en faisant jour et nuit des exercices,

- les autres s’efforcent de se rapprocher de la nature, en provoquant des changements dans leur corps et dans leur esprit, en respectant les lois de la nature.

Les motivations de ces deux groupes n’étant pas les mêmes, il en sera de même des résultats obtenus ».
Revenir vers la nature,c’est en premier lieu « extraire de ses pensées les désirs et les envies, faire le calme dans son cœur, et que le corps soit détendu afin de pouvoir y faire entrer l’énergie naturelle ».

C’est pourquoi la pratique est si difficile pour beaucoup d’entre nous, plongés que nous sommes dans une vie quotidienne abusivement agitée et stressée. La société contemporaine est bâtie de plus en plus sur la soif de consommation, le délire de la compétition et de la performance dans tous les domaines, y compris les plus intimes.

On entend beaucoup parler de solidarité même au plus haut niveau de l’Etat (il existe un ministère de la solidarité…). Elle est en réalité de moins en moins présente dans nos sociétés de plus en plus tournées vers le « toujours plus » et le « chacun pour soi ». Tout est mis en œuvre pour nous rendre suspecte la recherche du calme intérieur et de la simplicité de vie.

« Esprit calme et corps détendu » telle est cependant la clé du Qi Gong.

Certes les mouvements traditionnels transmis par les anciens sont indispensables à connaître,mais lorsqu’on les exécute, il ne faut pas perdre de vue une seule seconde le vrai but de la pratique :

- non pas faire de la gymnastique,

- mais « maîtriser son tempérament, se libérer de ses entraves, oublier les cachotteries, les sottises… ».

Retourner à l’état naturel selon le Docteur LIU, qui se fonde sur l’enseignement des anciens , c’est avant toute chose s’installer dans le calme mental. Calme qui est le contraire de l’agitation, de la dispersion, de la peur de ce qui nous entoure.
Car ces dispositions mentales dévorent nos forces en pure perte et nous laissent faibles et isolés.

C’est une banalité de rappeler combien beaucoup d’entre nous arrivent à la fin de leur journée stressés, noués, épuisés, parfois même incapables certains jours de puiser encore un peu de force pour venir pratiquer.

« Le but n’est pas de faire une série d’exercices, qui n’est qu’un moyen d’établir un pont grâce auquel il sera possible peu à peu de se rapprocher de la nature en corps et en esprit.

Lorsqu’on se promène, que l’on boit du thé, que l’on se repose en ayant l’esprit calme et le corps détendu, cela aussi est une attitude de Qi Gong car l’intérieur du corps est en union avec ce qui l’environne.

C’est ce que dans son enseignement Lao Zi appelait la « Voie de la nature ».

Nous pouvons encore, si nous le voulons vraiment, détenir la gouvernance de notre propre vie.

En dépit même des pressions exercées massivement pour que l’individu soit ravalé au statut minimaliste de consommateur/producteur.

Difficile, certes, car il faut « remonter le courant » qui nous entraîne.

Difficile mais possible.

Pour cela, trois « outils naturels» sont nécessaires : la détermination, la patience, la persévérance, qui permettent de « prendre de la distance » et de retrouver progressivement confiance en soi et en l’existence.

Laissons le mot de la fin à ce pratiquant et poète chinois des Anciens Temps, cité par le Dr LIU, qui exprime le sens profond du Qi Gong :

« Pratiquer des mouvements n’est qu’une apparence, Il faut savoir se dégager de celle-ci, Savoir s’extraire de l’impasse où elle nous entraîne, Savoir entrer directement au plus profond de son être, Savoir privilégier la lumière intérieure plutôt que l’apparence de la forme… »

Magnifique programme qui suppose que le véritable esprit du Qi Gong accompagne toujours le pratiquant sincère.