3pics smallEt si c’était vrai ? Les légendes sont semblables au vent, personne ne sait vraiment d’où elles viennent, personne ne sait jamais où elles nous emmènent et c’est pour cela qu’elles fascinent notre imagination et nourrissent notre âme.

Voici l’histoire, écoutée aux porte de la légende, de la naissance du Taiji Quan.

 

Il était une fois en Chine, en des temps très anciens, un ermite taoiste qui avait pour nom Chang San Fong, le Maître des Trois Pics. C’était, dit-on, un homme de haute stature au corps robuste, qu’un épais chignon et une barbe fournie et drue rendaient encore plus imposant. Il vivait en solitaire et portait en toutes saisons une seule et même tunique fabriquée de bambous tressés. Pour se protéger des insectes il tenait le plus souvent à la main un chasse-mouches fait d’une crinière de cheval. Cette apparence un peu sauvage lui donnait un air redoutable mais son regard exprimait une douce tranquillité, où se mêlait une lueur de bonté.Quand il ne passait pas ses journées à méditer dans la solitude, il parcourait la montagne, escaladant les pentes escarpées, allant d’un monastère à l’autre, toujours assoiffé de connaissance, pour y étudier les livres sacrés et interroger sans relâche sur les mystères de l’Univers.

Un jour, alors qu’il méditait en silence depuis plusieurs heures déjà au pied d’un arbre au plus profond de la forêt, il crut entendre un chant inhabituel.
Tiré de sa méditation par ce sifflement merveilleux, presque surnaturel, il aperçut perché sur un arbre voisin un oiseau qui fixait attentivement le sol. Suivant le regard de l’oiseau, il vit à quelques pas de là un serpent dont la tête se dressait vers le ciel. Les regards de l’oiseau et du reptile se rencontraient, s’affrontaient… Soudain l’oiseau fondit comme une flèche sur le serpent en poussant des cris perçants. Il l’attaqua furieusement à coups de bec et de pattes. Le serpent, ondulant et fluide, répondit en esquivant habilement les assauts répétés de son agresseur.
Après quelques minutes de combat l’oiseau, épuisé par ses efforts inefficaces, dut regagner sa branche pour reprendre des forces.

Puis, au bout d’un moment, s’égosillant de plus belle, il se précipita de nouveau à l’assaut du serpent qui semblait l’attendre silencieusement. Il n’eut pas plutôt déployé ses ailes et tendu toutes ses griffes pour frapper son adversaire que celui-ci l’entraîna dans sa danse circulaire qui se mua soudain en une spirale d’énergie tourbillonnante et insaisissable.
Jamais l’oiseau ne parvint à toucher le serpent et lorsqu’il abandonna définitivement le combat, épuisé et humilié par sa défaite, le serpent dressait toujours tranquillement sa tête vers le ciel.

On dit que Chang San Fong s’inspira de cette vision pour créer le Wu-Tang-Pai, le style de «la main souple », qui devint avec le temps le Taiji Quan.

Et c’est pourquoi les mouvements du Taiji Quan n’ont ni début ni fin et s’écoulent sans heurts et sans interruption comme les eaux du fleuve Yang-Tsé.

Et si c’était vrai ? Bien sûr Chang San Fong vivait au XIIème siècle, et tellement de choses se sont passées depuis ce temps-là ! Comment savoir ? Mais après tout, même si cette belle histoire n’a qu’un rapport lointain avec la vérité vraie (qui nous la dira jamais ?), il n’y a pas de fumée sans feu, comme on dit ! Et puis il n’est pas interdit de rêver, n’est-ce-pas ?…

Alors ne boudons pas notre plaisir, rêvons et méditons sur la vision du Maître des Trois Pics!

J C B